Gagner du temps, avoir du temps, prendre le temps, faire son temps, passer le temps…
Si nous étions des chevaux, nous dirions probablement: être le temps.
Les chevaux m’ont appris à travers nos échanges qu’ils vivent ce qui existe ou a existé. Demain, n’existe pas encore. Si j’étais cheval, l’avenir ne ferait pas partie de ma réalité. Je n’aurais pas d’attente. Pour autant, je saurais tout de même me préparer à l’hiver, aux jours de froid et de raréfaction. Je saurais peut-être même mieux le faire que dans ma peau d’humaine.
Mon nez serait mon guide, mes oreilles seraient mon gouvernail, et ma peau serait mon écran pour voir le Monde. Je porterais aussi la mémoire de mon espèce, et de toutes les autres, celle du cycle des saisons et de tout le vivant.
Je serais un mélange de ce qui a été et de ce qui est, captant chaque information autour de moi et adaptant mon comportement aux fluctuations d’énergie qui m’entoure. Je n’en perdrais pas une miette. Je serais ce présent à travers ses messages qui nous piquent, nous frottent, nous caressent, nous agressent parfois aussi, et dont la lecture se fait à la loupe, dans un dé à coudre.
Si j’étais ce présent, tel que ces chevaux me le décrivent, me le montrent, je me demande parfois qui j’aurais le culot d’être.